Retours d’un voyage apprenant

Du 13 au 16 mars 2025, nous nous sommes rendus dans la Vallée de la Drôme pour y découvrir le territoire et l’écosystème de la Biovallée. Notre intention : apprendre d’un territoire en mouvement depuis près de 50 ans autour des enjeux de coopération locale et de transition écologique.

Notre petite équipe était constituée de 8 personnes : Rémy Sellier et Sébastien Schultz (Société des communs), Julien Chuine (Ferme Alterrenative), Tom Guadagnin (Pôle de coopération du Bocage ornais), Igor Louboff (Coop des territoires) et 3 habitant-es de la Biovallée : William Dufourcq, Aurélie Marre et Stéphanie. Nous étions accueillis par William dans la superbe Auberge de l’Aube, à proximité de Crest.

L’article qui suit présente les principales observations que nous avons réalisées au long de ces quelques jours de visite. Il s’agit donc de notre compréhension très partielle de l’écosystème et non d’un travail d’analyse académique. Le nombre d’entretiens réduits, le biais de sélection des personnes rencontrées et la courte durée du séjour sont autant de limites à ce travail de documentation. Toutefois, il nous semblait utile de poser et partager ces quelques éléments.

Ce séjour s’inscrit dans le cadre du projet Territoires apprenants, lancé cette année en partenariat avec Makesense afin de favoriser l’apprentissage en pair-à-pair entre écosystèmes territoriaux.

Auteur : Igor Louboff (juin 2025)

Notre petite équipe aux côtés de Dominique Marquon (élue locale et administratice de Villages Vivants) et Yannick Régnier (directeur de l’Association Biovallée)

Notre petite équipe aux côtés de Dominique Marquon (élue locale et administratice de Villages Vivants) et Yannick Régnier (directeur de l’Association Biovallée)

📜 50 ans de recul sur une dynamique territoriale

Un bref historique

Dans les années 1960, le Diois subit une forte déprise avec un exode rural marqué. Contrairement au Val de Drôme, plus proche des infrastructures de transport (Vallée du Rhône, lignes ferrovières), le Diois peine à enrayer sa perte de population. Face à cette situation, une dynamique collective commence à prendre corps avec la création en 1970 du Comité de Développement et de Défense du Diois. Lancé par quelques élus et responsables agricoles, ce regroupement vise à dresser un état des lieux du Diois à identifier des pistes pour attirer de nouveaux habitants sur le territoire.

image.png

Une démarche participative est alors lancée par le Comité, accompagné par un bureau d’études, afin de mobiliser la population et les acteurs locaux autour d’un travail de diagnostic partagé du teritoire. Des ateliers et groupes de travail sont menés pour croiser les regards d’élus, de responsables associatifs et de professionnels du territoire. L’analyse collective est alors posée dans un livre blanc (publié en 1971) qui recommande alors l’adoption d’une “approche globale” de développement qui s’appuyerait sur trois principaux piliers :

(i) le désenclavement de la zone par la réalisation d’aménagements routiers ;

(ii) le développement de l’agriculture comme base de l’activité économique locale (qui représentait à l’époque un emploi sur deux) ;

et (iii) le développement du tourisme comme nouvelle source de revenus.

Le livre blanc reconnait également les différentes sources de dépendance du territoire et le fait que “rien ne peut se faire de façon autarcique”. Le document pose alors comme priorités le développement de circuits de commercialisation pour le secteur agricole, l’intégration d’investisseurs extérieux pour financer le développement du tourisme, la venue d’une immigration de main d’oeuvre pour les industries locales et une meilleure connexion à l’administration (dont les centres de décision se situent hors territoire) pour le développement de certains équipements et services.